Reprenant un mot célèbre, on peut dire que, depuis quelques vingt-cinq siècles, l'Occident est hanté par le fantôme du
prophète mystérieux qu'il appela longtemps Zoroastre avant d'apprendre des Zoroastriens eux-mêmes son nom
véritable de Zarathushtra, celui précisément dont se servit Nietzsche pour exprimer lyriquement le pessimisme romantique
de son époque. De Platon et Origène à Goethe et à Rameau, d'Érasme et Bayle à Shelley et à Kleist, philosophes
et poètes de l'Europe ont aimé évoquer le visage secret, à la fois exotique et proche, de celui qu'ils tenaient pour un
thaumaturge, un alchimiste, un astrologue, l'adepte d'une doctrine occulte à base de gnose : en un mot un " Mage ",
terme suffisamment imprécis pour se charger de toutes les résonances qu'éveillent en nous les prestiges des pays d'au-delà
l'Euphrate.

Jésus étant né à Bethléem de Judée, aux jours du roi Hérode,voici que des mages venus d'Iran se présentèrent à Jérusalem,
en disant : " Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile en Iran et sommes venus lui rendre
hommage. " ( ... ) Et voici que l'étoile qu'ils avaient vue en Iran et conduisait, jusqu'à ce qu'elle vînt s'arrêter au-dessus de
l'endroit où était l'enfant. A la vue de l'étoile, ils éprouvèrentune très grande joie. Entrés dans la maison, ils virent l'enfant
avec Marie sa mère et, se prosternant, lui rendirent hommage.Puis, ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent des présents : de
1'or, de l'encens, de la myrrhe. Mais, divinement avertis en songe de ne pas retourner auprès d'Hérode, ils se retirèrent dans
leur pays par un autre chemin.
ZARATHUSHTRA